Construite sur une colline qui domine le fleuve de la Rance, Dinan fut longtemps un point stratégique essentiel pour la circulation entre la Normandie et la Bretagne. D’où la nécessité de fortifier la ville, devenue citadelle entourée de remparts et défendue par un imposant château. À ces défenses s’est adjoint un pont qui enjambe la rivière et constitue un lieu de contrôle du passage vers le nord, Dinard et Saint-Malo.
Une histoire mouvementée
Cœur même du Poudouvre (francisation de Daoudour en breton), pays traditionnel de la Haute-Bretagne, la cité dresse fièrement ses tours au fil d’un chemin de ronde long de près de trois kilomètres et percé de portes.
Bien entendu, l’histoire de cette position clé est on ne peut plus mouvementée. La cité a ainsi connu nombre de vicissitudes, notamment durant la guerre de Succession du Duché de Bretagne. En 1357, Bertrand Du Guesclin défend avec succès la ville assiégée par les partisans de Jean de Montfort et leurs alliés anglais, assurant ainsi la victoire des Penthièvre, proches du roi de France. La paix revenue, Dinan se fait commerçante. Les tisserands s’y installent pour y produire les voilures qui équiperont les navires malouins. La Rance sert alors de voie de convoyage.
Par les ruelles moyenâgeuses…
La ville a conservé et restauré son patrimoine. Avec ses trois kilomètres de remparts, ses portes et tours monumentales et ses venelles pavées, Dinan est un véritable livre d’histoire à ciel ouvert. Son château, construit à la fin du XIVe siècle par Jean IV, duc de Bretagne qui en fit une de ses résidences de prédilection, présente une collection de heaumes, de gants et d’armures que vous pouvez vous-même essayer afin de constater qu’il n’est pas simple de se battre dans cet accoutrement.
Après un passage dans le mystérieux souterrain Mercœur, vous gagnerez la Tour Ducale qui offre, de la cuisine à la chambre de parement, une mise en scène de la vie quotidienne à la cour bretonne. Flânant le long des murailles, rejoignez le centre de la cité et la basilique Saint-Sauveur, édifiée entre le XIIe et le XVIIe siècle. L’aile nord de son transept accueille le cénotaphe contenant le cœur de Bertrand Du Guesclin.
Voici le Jerzual, la rue pentue la plus célèbre de Dinan qui relie toujours le port au centre-ville. Les petites maisons à pans de bois bordent encore ce qui était dans le passé la principale rue menant à la ville haute.
L’ancienne voie d’acheminement des marchandises, depuis le port de Dinan, en contrebas abrite, derrière ses fenêtres à vitraux et à l’ombre de ses patios fleuris, tout un petit monde d’artisans : souffleurs de verre, potiers, ébénistes… Remonter cette pente raide reste un défi réservé aux sportifs, les autres emprunteront un bus ou, mieux, le petit train touristique.
Le cap Fréhel et le château de la Roche-Guyon
Autre périple incontournable pour le visiteur, une balade en bord de mer à une quarantaine de kilomètres de Dinan qui vous mènera jusqu’à ces deux merveilles : le cap Fréhel et ses falaises de grès rose qui abritent une foule d’oiseaux et le château de la Roche-Guyon, plus connu sous le nom de Fort la Latte.
Le littoral est ici le paradis des randonneurs qui peuvent profiter, côté mer, des sentiers des douaniers avec une vue imprenable sur les plages et, côté terre, des bords de Rance et des promenades le long d’un des estuaires les plus remarquables de toute la Bretagne. Les amateurs peuvent s’adonner aux joies de l’accrobranche ou du kayak de mer ou encore visiter (à marée basse) l’archipel des Ebihens et ses couleurs tropicales…
Les incontournables
Fort la Latte
En 1955, Kirk Douglas cherche à monter un film sur un grand sujet populaire. Il achète les droits du roman d’Edison Marschall, The Vikings. Mais, si les studios de la Bavaria peuvent accueillir la plupart des scènes, celle cruciale de la lutte fratricide entre le fils légitime et le bâtard de Ragnar ne peut être réalisée qu’en extérieur, dans une forteresse. On cherche, on cherche… Jusqu’au moment où s’impose Fort la Latte. Ce sera la cinquième star du long-métrage.
Avec sa haute et fière silhouette, son donjon orgueilleux et le tumulte de la mer au pied du cap Fréhel en toile de fond, le château, construit au XIVe siècle par Étienne Gouyon, seigneur de Matignon, est bien le symbole de la grandeur et de la force de la Bretagne ducale.
La basilique Saint-Sauveur
Vers 1112, Riwallon le Roux, chevalier de Dinan, fait vœu d’y construire une église à son retour de croisade. La basilique Saint-Sauveur est née, un chef-d’œuvre qui n’a pas d’équivalent parmi les bâtiments romans de Bretagne. Les architectes s’y sont inspirés des arts perses et byzantins. Le portail, entièrement décoré de reptiles, sirènes et faces humaines, possède également deux statues remarquables, celles d’un taureau et d’un lion, symbolisant les évangélistes Luc et Marc. À l’intérieur, se trouve, depuis 1810, le cénotaphe contenant le cœur de Du Guesclin, l’une des personnalités les plus controversées de l’histoire de Bretagne. Si les manuels français en font un héros de la Guerre de Cent ans, d’aucuns voient un traître dont le zèle à servir l’hexagone anticipa la fin de l’indépendance du duché.
La Tour de l’Horloge et le couvent des Cordeliers
Érigée à la fin du XVe siècle, la Tour de l’Horloge domine la vieille cité médiévale et offre, du haut de ses 158 marches, une vue exceptionnelle sur toute la vallée de la Rance. Son mécanisme d’horloge procède d’une longue histoire : en 1501, la duchesse Anne accorde aux Dinannais le privilège de posséder une horloge dans leur tour communale. Les notables de la ville font donc venir à Dinan un mécanisme d’horlogerie fabriqué en 1498 par l’Allemand Hamzer.
À deux pas de là, le Couvent des Cordeliers, fondé en 1241 par Henri d’Avaugour, est bâti sur les vestiges de l’ancien château fort de la famille. Restauré par l’abbé Bertier, curé de l’église Saint-Malo, en 1807, il conserve plusieurs éléments du XVe siècle. C’est aujourd’hui un lycée-collège privé.
Léhon, petite cité de caractère
Depuis Dinan, poussez maintenant votre chemin un peu plus au sud de la ville jusqu’à Léhon, à quelques kilomètres. Pour vous y rendre, rien de plus simple, en voiture ou alors à pied ou à vélo par le chemin de halage.
Découvrez du haut de son promontoire rocheux, les ruines du château féodal, qui domine les maisons de l’ancien bourg, et le vieux pont bâti entre le XVe et XVIe siècle, à l’emplacement d’un gué qui existait sur la Rance et qui permettait à l’antique voie Corseul-Rennes de franchir la rivière.
Une visite s’impose aussi à l’Abbaye Saint-Magloire, fondée par les moines Bénédictins au IXe siècle, à son église abbatiale, son superbe cloître, son réfectoire et ses jardins. Voici un lieu où les mots recueillement et quiétude prennent tous leurs sens…
Circuit de la vieille rivière à Lanvallay
4,5 km, 1 h 45
Balisage : jaune
Accès : départ du vieux pont au port de Dinan.
Départ : du vieux pont, longez le quai rive droite. Continuez tout droit jusqu’au site naturel de la Vieille Rivière, restez sur la gauche. Vous rejoignez la confluence, poursuivez à droite sur le chemin qui s’enfonce dans la zone humide. Plus loin, empruntez la passerelle à gauche sur l’ancien cours de la Rance. Grimpez le chemin abrupt.
1. En haut, prenez la route à droite, poursuivez tout droit jusqu’à la D795. Traversez, longez-la à droite et, à l’aire de stationnement, empruntez le chemin qui part à gauche en sous-bois. À l’intersection, près de l’abreuvoir, bifurquez à droite, montez l’allée qui mène avenue de la Boule d’or.
2. Prenez à gauche et virez à gauche avenue de la Rose Rouge, restez sur la gauche. Au n° 18, prenez à droite allée des Camélias. À 50 m, virez à gauche rue des Champs Gallais et, à 50 m, au niveau du parking de la mairie, prenez l’allée à droite, traversez le jardin, rejoignez l’église.
3. Empruntez la rue de Rennes à gauche. À 50 m, virez à droite rue des écoles. À 80 m, au passage piéton, virez à gauche dans le passage. Au parking, prenez à droite, au stop, bifurquez à gauche rue du Vieux-Bourg. À 100 m, empruntez le chemin du Mont-en-Va à droite, restez sur la droite, descendez le chemin dans le prolongement. Au bout, descendez à gauche la rue de l’Abbaye, puis passez sous le viaduc. En bas, poursuivez tout droit vers le port.